Découvrir les trésors interdits de la grotte de Niaux : un émouvant voyage dans le temps
La plus secrète des grottes de Niaux (Ariège), le «Niaux interdit» ou «réseau Clastres»est ouvert au public: soit environ 2 kilomètres de boyaux d’accès difficile, des cavernes quasi inviolées depuis le paléolithique, à peine explorées à quelques reprises par les seuls spécialistes patentés, depuis leur découverte en 1970. Mais le directeur d’exploitation des Sites touristiques de l’Ariège, l’a décidé : les splendeurs de l’art pariétal appartiennent au patrimoine de l’humanité tout entière. Chaque bipède d’aujourd’hui peut donc revendiquer le droit de venir ramper dans la boue, pour apercevoir brièvement dans le faisceau d’une lampe de poche les éblouissantes peintures de Cro-Magnon. Ceci sans avoir à exhiber un diplôme, une fonction officielle ou une quelconque connivence avec le préfet du coin.
Tout simplement étonnant
L’expérience est audacieuse : de nos jours, le «syndrome de Lascaux» – l’altération des peintures pariétales par la respiration de trop nombreux visiteurs – pousse à la fermeture des galeries-cavernes. En fait, très peu restent ouvertes au public, dont justement la merveilleuse grotte de Niaux, pour ses galeries principales avec son fameux « Salon noir » – et avec la limite maximale autorisée de 220 visiteurs quotidiens (11 groupes de 20 personnes, alors que la demande est six fois supérieure, d’où la nécessité de réserver longtemps à l’avance). Ces parties connues de Niaux ont d’ailleurs été visitées à toutes les époques, comme en témoignent de nombreux graffitis, datés certains du XVIe siècle. On raconte que le bon roi Henri IV y serait lui-même venu. Mais les visiteurs de jadis, volontiers admirateurs des splendides représentations de cerfs, bisons, bouquetins, pensaient que ces œuvres mystérieuses étaient quasi contemporaines. Personne n’imaginait en tout cas qu’elles puissent remonter à la préhistoire : comment de grossiers humanoïdes, des illettrés poilus, des quasi-singes auraient-ils pu être dotés de la moindre sensibilité artistique ? Or… si ! Et comment ! Et quel talent pour ces primitifs hirsutes ! C’est justement à Niaux – en 1906 – qu’est tombé pour la première fois le verdict scientifique fondateur de l’art pariétal, avec l’authentification et la datation de ces merveilles à au moins 13 000 ans, et donc leur attribution aux Cro-Magnon pyrénéens de la période magdalénienne. Vous pourrez trouver des chambres d’hotes et des auberges dans la région.